italie  2003

richard eijkelenburg

Depuis notre deuxième voyage, nous nous étions rencontrés à plusieurs reprises, entre autre pour l’échange de photos, et lors de ces discussions il apparaissait que nous voulions absolument encore faire une sortie ensemble; mais cette fois pas forcément encore vers la Toscane et environs, mais plutôt dans le nord de l’Italie, dans les Alpes et les Dolomites. J’avais encore l’idée d’éventuellement aller jusqu’en Slovénie, mais finalement c’est devenu un « Tour de la Suisse » - c’est-à-dire, un tour à travers les pays autour de la Suisse, pas dans la Suisse elle-même.

Et ainsi nous nous retrouvons une fois de plus à Zemst, entrée d’autoroute, à une heure impossible. Rudy, Geert et moi n’avons pas changé de monture,  mais Frank a définitivement (il croit) abandonné le Ducatisme, et se présente avec une Moto Guzzi 1100 Sport – belle bécane. La première journée se déroule comme lors des premiers voyages, via Bruxelles, Luxembourg, Nancy, Epinal, dans l’Alsace, jusqu’au Jura, dans un village qui s’appelle Eloïse, comme la chanson de Barry Ryan (années ’70 – ou Helmut Lotti, pour les plus jeunes parmi nous). Les chambres, le repas et les boissons sont encore une fois irréprochables.

La journée suivante, il fait chaud comme dans un four, nous avons quelques difficultés à trouver une station d’essence, dans la région d’Annecy. Finalement, à un carwash dans un zoning industriel, on trouve. Nous avons soif et sortons quelques boîtes de boissons d’une automate. Dont une contient une boisson nouvelle : vanillecola. Rudy n’a pas besoin de mots pour exprimer ce qu’il pense de ce produit : la photo montre un visage d’une personne qui vient d’avaler un gobelet d’essence… Et le voyage continue, via une série de cols (Col des Aravis, Col des Saisies, Col de Meraillet) direction Bourg-Saint-Maurice vers le Cols du Petit Saint Bernard, pour entrer en Italie vers Courmayeur et la vallée d‘Aoste.

En fin d’après-midi, dans une vallée au nord de Biella, le long d’un ruisseau de montagne appelée Cervo, nous trouvons l’auberge  Asmara. Le site est fabuleux, de l’autre coté du ruisseau, au-delà d’un vieux pont en pierres. A coté de l’hôtel il n’y a que deux maisons, donc pas de bruit de nuit (sauf le notre). Alors, check-in, une bonne bière froide sur la terrasse, pour regarder les indigènes se baigner dans le ruisseau frigorifé. Après le diner nous voulons nous promener, mais nous coupons court la promenade : nous constatons que le ruisseau ne mouille pas uniquement les indigènes, mais également des millions de moustiques. Ce qu’elles manquent en taille, elles compensent par enthousiasme – des vraies italiennes, quoi.

C’est Geert surtout qui est populaire, et il en porte les signes pour le restant du voyage. Parce que nous sommes tous en T-shirt et short, il ne manque pas de pistes d’atterrissage, et nous retournons rapidement vers l’auberge avant d’être sucés vides totalement. Dans les journées suivantes il s’avère que ces bestioles ont même réussi à faire gonfler les chevilles déjà pas très minces de Geert. La troisième journée ça continue vers l’est, direction Lac Majeur, et Lac Como. Le temps est menaçant, et nous essayons d’adapter notre chemin pour éviter la pluie. Ca marche plutôt bien. Nous passons dans la région de Gallarate (pas de visite d’usine MV Agusta), Varese (pas de visite d'usine Cagiva) et proche de Sesto Caliende, juste au sud da Lac Majeure, nous apercevons par hasard, le long de la route une sorte de musée voiture / moto / avion / bateau / train/…. qui s’appelle Gottard Park La Cartera. J’aimerais bien regarder cela de près, mais les autres trouvent qu’il fait trop chaud, que ce n’est pas assez intéressant ; donc je parcours le musée seul – jusqu’à ce qu’un vieux schnock italien boiteux, louche, se rende compte que je m’intéresse pour les motos et que je comprends quelques mots d’italien. Dès ce moment, j’ai mon guide privé, pas très doué,  c’est vrai, mais c’est le geste qui compte, n’est-ce pas. Il y a des belles  choses à voir, une série d’au moins 50 petites mobylettes italiennes pliables, des vieilles Guzzi, Bianchi, Harley, un side Benelli superbe, des Gilera – fantastique ! Mais le propriétaire (eh oui, un hobby un peu hors contrôle) n’a pas pu s’empêcher d’acheter des machines coupe-viande, chasse-neige, locomotives à vapeur, bateaux militaires de débarquement, avions de chasse à  réacteur, chariots siciliens tirés par des chiens, bateaux remorqueurs, et encore d’autres objets diverses et variés. En sommaire, quelle fabuleuse et intéressante bordelle !

En fait nous voulons visiter le musée Moto Guzzi, sur les bords du Lac Como, à Mandello. Donc nous continuons, le trajet jusque là est par ailleurs le pire de la semaine, que des lignes droites, et une circulation intense. A partir de Como cela redevient intéressant. Le long du lac, vers Bellagio, nous cherchons un petit restaurant que nous finissons par trouver, mais dans le processus nous perdons Frank. Le résultat logique si celui qui mène le groupe respecte moins les panneaux de défense d’entrée que certains des suiveurs…mais c’est vite résolu. Après le repas nous aboutissons à Bellagio, et non pas pour la dernière fois, comme on verra plus tard. J’achète 4 billets pour le ferry, pour traverser le lac vers l’est, direction Varenne, et ensuite Mandello. Nous devons nous présenter « là ! », et après une vingtaine de minutes nous  embarquons sur le ferry. Celui démarrre et part pour traverser le lac – direction ouest. Nous arrivons à Menaggio, où nous ne voulons pas être, et je décide de rester à bord et de descendre que quand le ferry aura fait son tour. Faux ! Nous devons débarquer. Après une discussion animée, on nous autorise d’embarquer de nouveau sur le même bateau, (presque) sans surcoût, et nous partons dans la bonne direction, vers Bellagio et ensuite Varenna. Nous passons ainsi quasiment plus de temps en bateau que sur moto, ce jour-là. Tout le monde n’est pas aussi enthousiaste avec ce manœuvre de ralentissement non planifié, Je dois penser à un chanteur hollando-suisse de 80 ans au moins, Doctorandus P., qui a chanté une chanson sur un ferry « qui va et vient, va et vient, va et vient, » jusqu’à ce qu’il coule…..

Une fois arrivé à Mandello, nous passons un peu de temps pour trouver l’usine Moto Guzzi, et en effet, il y a une entrée « Museo » - fermée. Ils ont des heures d’ouvertures bizarres, pas plus qu’une heure et demie, ou presque.

Il est trop tôt pour trouver un hôtel, donc nous reprenons la route, plus vers le sud jusqu’à Lecco, et de là vers le nord-est, dans la Valsassina, direction Col di Balisio, et plus loin Cortenisio. Là, nous sommes bloqués dans la circulation, et en essayant d’éviter le bouchon, et sans que je m’en aperçois, nous nous retrouvons d’un coup sur un petit chemin qui est bien plus tranquille, mais dont la surface se dégrade avec chaque kilomètre parcourue, jusqu'à ce que nous sommes en train de faire du trial – un premier exemple d’un « pokkebaantje » (« chemin de §%$£ de °@#% » - je cite Frank). Le chemin nous amène jusqu’à Esino Lario, avec une vue superbe sur le lac Como en profondeur.

 

 

 

 

Après la descente, toujours sur ce même « pokkebaantje », nous nous retrouvons une fois de plus à Varenna, où nous débarquions 5 heures plus tôt, cette même après-midi. Il est temps pour trouver un hôtel. Le premier est complet, et l’autre se trouve carrément devant le quai d’embarquement du ferry, et a l’air un peu cher. Impression pas mal correcte…Mais il ne nous reste plus le choix, et nous réservons deux chambres, avec vue sur le lac. Nous dinons en hôtel également, parce qu’il n’y a pas d’autre restaurant dans cette « ville ».


Après le diner nous nous installons sur la terrasse, à coté de nos motos. Je suis absorbé dans une conversation avec un couple allemand, dont le mari a une préférence prononcée pour les produits nationaux : DKW, NSU, BMW ; il n’apprécie pas du tout ces trucs Italiens.

 

La quatrième journée nous roulons encore direction nord-est, via Sondrio direction Stelvio. La première partie, le long du lac, est très jolie, la deuxième partie jusqu’à Sondrio, et plus loin à Tresenda, est en fait ennuyeuse. J’essaie d’améliorer la situation en choisissant des chemins parallèles, mais je trouve surtout des « pokkebaantjes ». Mais à partir de Tresenda l’ennui est amplement compensé, avec des paysages fantastiques et des chemins fabuleux. D’abord un peu plus vers l’est, au lieu de prendre la direction Stelvio immédiatement, en passant sur les Passo dell ‘Aprica et del Foppa (1852 m), via le mont Padrio. Quasiment pas de trafic, ni de restaurants – et cela vers 13.00 h. Tout d’un coup, à une altitude de 1.500,  nous voyons quelque part à gauche de la route une petite maison, et 50 m plus loin, une petite chapelle et un petit troupeau de vaches (10 vaches suffisent pour constituer un troupeau ?). Je m’arrête, je demande où nous pourrions trouver quelque chose à manger, et il s’avère que nous nous trouvons devant une usine de fromage : effectivement, à droite, à moitié caché dans la terre, il se trouve une cabane à deux chambres avec deux indigènes qui convertissent le lait de tout le troupeau en fromage ricotta. Nous devons goûter, bien sur, et j’achète deux blocs de 200 g, un peu de fromage jeune, et un peu de fromage maturé. Le jeune entrepreneur taille le fromage, sous la devise « ça gêne si c’est un peu plus ? » et je me trouve avec presqu’un kilo de fromage dans mes mains. Le prix pour « un peu plus que 400 g » : 3 Euros.


Après, nous ne rencontrons toujours pas de restaurant ; et c’est le fromage qui nous supporte pour la journée. Vers 3 heures de l’après-midi, nous prenons le Stelvio, beaucoup de monde mais ça va encore. Nous descendons dans l’Italie germanophone (Sud-Tirol). De là, on continue toujours vers l’est jusqu’à Lana, un village juste au sud de Merano.


A Lana, nous prenons, pour changer une fois, un « Bed and breakfast ». Madame ne se sent pas bien à l’aise avec cette bande de motards en sueur, mais finit par nous accepter. C’est pas mal, on envahit la piscine, et le prix est nettement plus bas qu’à un hôtel.
Au soir, nous descendons dans le village, pour manger une pizza, et pour boire « quelques » verres de vin.

 

Au cinquième jour nous procédons toujours vers l’est, via Bolzano/Bozen sur la S12 et la S242 direction Ortisei/St. Ulrich dans la Val Gardena. Nous ne prenons pas le Passo Gardena, mais dévions juste avant, vers le passo de Sella et du Pordoi, et plus loin sur la S48 au Passo Falzarego jusqu’à Cortina d’Ampezzo. Le paysage est toujours aussi beau, et les routes parfaites. De Cortina d’Ampezzo  vers le nord, Val di Ladro (du Voleur) le long du lac di Ladro où nous mangeons vite fait, jusqu'à Toblach, la dernière ville avant la frontière Autrichienne. Puis passage rapide à travers l’Autriche, Tunnel Felbertauern (et non pas via le Grossglockner, cela aurait été plus beau, peut-être) à Kitzbuhel, St. Johan in Tirol, et vers le nord-ouest, en passant la frontière Allemande direction Bad Reichenhall. Mais avant d’arriver là, nous choisissons le Deutsche Alpenstrasse vers l’ouest. Et voilà le paradis des motards ! L’après-midi est déjà bien avancée, mais la route est parfaite : pas de dénivellements, des virages longues et larges avec vue sur toute leur longueur, quasiment pas de trafic, pas de villages, à part d’un endroit un peu plus fréquenté à cause d’un petit lac, et les baigneurs associés. Cette route, 30 km, est avalée à une vitesse au moins deux fois la vitesse légale (ça reste entre nous bien sûr). Un motard local assis sur une japonaise grosse cylindrée nous montre comment se servir de cette route. Une des meilleurs épisodes de ce voyage !


Au bout de cette route il y a un petit village alpin, collé contre la frontière Autrichienne : Reit Im Winkel (« Reit dans l’angle »). Hôtels : aucun problème. Après le diner, Geert, Rudy et moi visitons la fête du village, très évidemment organisée pour faire plaisir aux touristes en été, basse saison. Le vin blanc est exécrable, mais les musiciens pas mal. Et entre temps, Frank peut (encore une fois) téléphoner avec sa petite amie.
Le lendemain matin, jour 6, nous  nous tournons vers le nord et le nord-est, avec un détour autour du lac “Chiemsee” (connu pour l’île avec un des fameux châteaux du roi fou Ludwig II de Bavière) ; ensuite direction Passau, (lunch chez McDonalds –autre chose qu’en Italie…) et de là à travers le Bayerische Wald (Forêt Bavarois) prèsqu’à Bayreuth, dans les montagnes du Fichtel, un vrai décor motard. Nous y passons la nuit dans un institut typiquement allemand, un « metzgerei » (boucherie). Le boucher/charcutier local du village (Oberwarmensteinach) exploite également une sorte de gîte, ses chambres sont propres et la charcuterie sans égale. Au soir, après une pinte allemande, (un litre par verre) et un solide diner, nous nous promenons jusqu’au suivant village, où il n’y a rien à voir non plus.


Jour 7 nous voit rouler vers l’ouest, Bayreuth, Bamberg, via la 22, à travers le Fränkische Schweiz (la Suisse franche), un tout petit territoire mais oh si joli, un bout d’Autobahn pour éviter la traversée de Würzburg. Vers le sud-ouest ; le long du Main, en passant l’Odenwald (si beau) direction Heidelberg. Nous y mangeons un petit quelque chose, Heidelberg est une très belle ville mais nous ne regardons que la partie le long de la rivière Neckar. L’exploitant du restaurant est motard également, mais avec un budget confortable : 916, Monstro, BMW, Porsche,…


Après le repas, l’effet « maison » commence à se manifester. La météo n’est pas bonne, et chacun sent la proximité de sa maison. Nous annulons notre intention de traverser le Pfalz (le Palatinat) et les Ardennes, et choisissons l’Autobahn à Heidelberg, et « GAZ ! » via Mannheim, Ludwigshafen, Kaiserslautern, Trier (Trèves) et Luxembourg à la maison. A partir de Luxembourg, il commence à pleuvoir – bienvenu en Belgique….

 

Richard Eijkelenburg